18. Méthode pour transformer les gains de productivité en temps libre

À l'opposé du problème de la délocalisation, qui fait qu'il est impossible sans subventions d'atteindre un niveau de productivité standard (salaires, prix) et de maintenir l'emploi dans le pays d'origine, il y a un autre phénomène, représenté par les industries, qui fait que la productivité augmente rapidement en raison de l'industrialisation et de l'informatisation.

Le résultat est que de plus en plus de personnes sont au chômage, pas parce qu'elles sont « chères », mais parce que leur travail n'est plus nécessaire à la même échelle qu'auparavant. Cette tendance se renforce encore si la mécanisation apporte des économies de coûts supplémentaires, ce qui est très souvent mentionné comme un élément moteur pour les entreprises qui subissent un manque de demande, et qui essaient de s'en sortir en réduisant les coûts.

Si une telle tendance se poursuivait ad absurdum, on pourrait finir dans une société fonctionnant grâce aux robots avec 99 % de chômage. Skynet aurait gagné. Les terminators du futur n'ont pas besoin de pistolets automatiques et d'armes atomiques pour balayer l'espèce humaine, tout ce qu'il leur faut, c'est un équipement de rationalisation du travail ordinaire.

Bien sûr, cela ne signifie pas que l'industrialisation est une mauvaise chose. Absolument pas. Nous avons connu une grande évolution depuis le moyen-âge avec l'utilisation de la vapeur, et plus tard les industries liées à l'électricité et au pétrole. Nous avons transmis une bonne partie de la productivité gagnée aux personnes, sous la forme de la semaine de 5 jours, des 4 à 6 semaines de congés et du raccourcissement de la journée de travail.

Mais il semble que nous avons arrêté de transmettre ces gains au cours des 2 ou 3 dernières décennies, et que nous devons à nouveau décider de ce que nous devons faire des personnes dont le travail n'est tout simplement plus nécessaire.

Allons-nous glisser à nouveau vers le fascisme et les laisser mourir dans la rue, sans emploi et sans abri ?
Dans beaucoup de pays, cela semble être le choix du jour, et c'est un futur sombre et inimaginable qui s'annonce. Le problème n'est pas seulement la crise financière actuelle, mais ce qui s'annonce est probablement un futur où les énergies fossiles s'épuiseront et ne seront pas remplacées immédiatement, si elles sont remplacées. Il en résulterait un déclin significatif de l'activité économique, avec des résultats similaires à ceux de la plus grande dépression que nous ayons connue.

Comment allons-nous gérer les millions de chômeurs, alors ?

Allons-nous les mettre à l'écart sans la moindre considération ?
Ou allons-nous mettre en œuvre une plus grande réduction du temps de travail, un partage des emplois ?

Aujourd'hui déjà, de nombreuses voix plaident pour un partage de la charge de travail entre les personnes comme moyen de lutte contre le chômage. En réduisant le temps de travail par l'introduction de plus de temps libre, il y aura davantage d'emplois directement dans les industries affectées, mais aussi indirectement dans les secteurs des loisirs, du tourisme et des soins, dont l'activité sera largement renforcée par les nouveaux consommateurs disponibles.

Le seul problème associé à cette solution est qu'en réduisant la productivité en limitant le temps de travail avec davantage de congés, nous augmenterions les coûts des entreprises qui emploient des travailleurs supplémentaires. Ces derniers auraient besoin au minimum du salaire moyen d'une entreprise donnée, et cet argent ne tomberait pas du ciel. Si ces coûts supplémentaires se répercutaient sur les prix finaux, cela ne fonctionnerait pas.

C'est là qu'entre en jeu le rôle irremplaçable du gouvernement, qui peut coordonner la productivité des différentes industries, sans les forcer à subir des coûts supplémentaires. À l'aide de subventions pour la réduction du temps de travail liées à une taxation périodique des capitaux épargnés, le gouvernement peut facilement mettre en œuvre de telles mesures.

 

 

Comme le montre le graphique, avec plus de temps libre et plus d'employés pour compenser la productivité plus faible, il faut annuler l'augmentation totale des coûts avec des subventions qui correspondent.

Ces subventions doivent prendre la forme d'argent supplémentaire provenant de la banque centrale et redistribué par le gouvernement aux entreprises qui fonctionnent avec une productivité plus faible selon la formule :

Subventions   =            ( nouveau temps libre – temps libre actuel)
                     x      nombre d'employés
                     x      salaire moyen dans le secteur pour le temps libre par unité de temps libre

 

Cela signifie que le temps libre supplémentaire, et donc les coûts associés (salaires des nouveaux employés couvrant le temps libre supplémentaire) est complété par le gouvernement. Ainsi, les entreprises que donnent à leurs employés 6 semaines de congé auront les mêmes coûts que celles qui ne leur offrent que 4, ou même 2 semaines.

Le résultat pour les entreprises concernées ne sera pas modifié, puisqu'elles produisent à présent le même volume qu'avant la modification de productivité, et que c'est évidemment la même chose (ou nettement plus élevé) qu'avant l'introduction de la mécanisation qui a causé ce chômage.

Après que l'argent utilisé pour les subventions aura fait son chemin dans le système, il se retrouvera sur certains comptes, et sera finalement taxé comme décrit dans le chapitre Taxation périodique du capital accumulé. Après un certain temps, un nouvel équilibre se fera avec plus d'argent en circulation pour permettre cette productivité plus faible avec un taux d'emploi plus élevé.

Ici, l'équation est :                             


Plus la productivité est basse (plus d'emplois, plus de temps libre), plus il y a besoin d'argent pour favoriser l'économie à des prix standard.

Le problème ici est de trouver les multiples communs entre les salaires et la masse monétaire.
On peut avoir 4 personnes qui travaillent 6 jours pour 100 $ chacune = 400 $, ou 6 personnes qui travaillent 4 jours pour 600 $ avec 200 $ de subventions. Évidemment, les entreprises ne sont capables de financer par elles-mêmes que le premier multiple commun, caractérisé par les salaires les plus bas, car elles n'ont pas accès aux subventions sans l'aide du gouvernement.

Vous voyez donc l'importance du gouvernement pour améliorer la société jusqu'au prochain niveau. Les entreprises elles-mêmes ne pourront jamais y parvenir sans subventions.

Il est important de noter que simplement baisser la productivité en modifiant la législation du travail et en introduisant plus de temps libre pour lutter contre le chômage ne produira pas le même résultat. Sans argent supplémentaire pour faciliter les modifications de productivité, les entreprises devront augmenter les prix, ce qui diminuera encore le pouvoir d'achat disponible. Même des transferts directs aux citoyens pour compenser ces prix plus élevés ne seraient pas une solution idéale. Comme les besoins en main œuvre sont différents pour les différents secteurs, et que la disponibilité en main œuvre qualifiée pouvant rejoindre les entreprises est différente dans le temps, les subventions au niveau de l'entreprise sont vraiment la meilleure option

Lorsque les entreprises trouvent des employés qui conviennent, elles peuvent demander des subventions sur la base du temps libéré pour leur personnel. Cela peut évoluer dans le temps, ainsi de plus en plus d'entreprises rejoindront la nouvelle façon de procéder, tout en maintenant la compétitivité de celles qui fonctionnent toujours selon l'ancien principe parce qu'elles n'ont pas encore trouvé de nouveaux employés.